Décidément, plus je lis Victor Hugo, plus je me dis que j'aurais aimé le rencontrer, tellement ce qu'il dit colle à l'actualité, tellement ses mots se reflètent en moi comme un profond écho.. "Bétise de la guerre" est issu de "l'année terrible" (*)
Bêtise de la guerre
Ouvrière sans yeux, Pénélope imbécile,
Berceuse du chaos où le néant oscille,
Guerre, ô guerre occupée au choc des escadrons,
Toute pleine du bruit furieux des clairons,
Ô buveuse de sang, qui, farouche, flétrie,
Hideuse, entraîne l'homme en cette ivrognerie,
Nuée où le destin se déforme, où Dieu fuit,
Où flotte une clarté plus noire que la nuit,
Folle immense, de vent et de foudres armée,
A quoi sers-tu, géante, à quoi sers-tu, fumée,
Si tes écroulements reconstruisent le mal,
Si pour le bestial tu chasses l'animal,
Si tu ne sais, dans l'ombre où ton hasard se vautre,
Défaire un empereur que pour en faire un autre ?
(*) Le siège de Paris commence le 19 septembre 1870. Débute alors cette période que Hugo appellera « l'année terrible » : siège de Paris, très dur ; avancées des Prussiens et défaites des armées formées pour les arrêter ; capitulation de Bazaine à Metz ; climat tendu dans Paris assiégé ; négociations difficiles entre le gouvernement provisoire et les Allemands ; la paix enfin, dans des circonstances et à des conditions presque impossibles ; puis, ultérieurement, la Commune et son écrasement.