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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 07:20
Pour un exercice d'Ecriture Créative, sur le thème de LA PREMIERE FOIS, j'ai essayé de rendre un extrait d'une conversation que j'ai eue avec ma grand-mère, quelques années avant qu'elle ne s'en aille tout là-haut....



La première fois que je l’ai quitté, très bizarrement, ça m’a fait beaucoup de bien. Je me suis sentie soudain plus légère, lestée de tout tracas. Comme si j’avais fait un bond vers un ailleurs jusqu’alors inconnu. J’ai eu l’impression même, de me retrouver, d’être apaisée par le monde extérieur, d’être moi-même.

Le pire, c’est que c’est arrivé banalement, sans raison apparente. Ca m’a prit comme ça, sans prévenir. Je n’ai rien décidé du tout. Je l’ai quitté. Point.

Te dire que je n’ai pas eu peur, serait un mensonge.

Et j’en ai encore honte, aujourd’hui.

D’ailleurs, c’est la première fois que j’en parle. A mon époque, ce genre de choses ne se divulguait pas... maintenant on pourra dire que je suis victime de la folie, après tout, c’est de mon âge... à 98 ans, tout est désormais possible.

Je l’ai donc quitté, je te dis.
Je me souviens très bien de ce jour particulier, parce qu’il pleuvait et que la chaussée était glissante... si glissante d’ailleurs, que je suis tombée. Quelques contusions, rien de grave. Etait-ce annonciateur de ce jour exceptionnel ? Encore aujourd’hui je me pose beaucoup de questions... mais à mon âge, c’est normal. Tout est désormais normal.

J’étais rentrée à la maison, un peu molle. Très fatiguée. Charles, ton grand-père, mon cher et tendre, après m’avoir nettoyé délicatement et amoureusement les plaies sur le visage, m’a donc invitée à aller faire une petite sieste pour me remettre de mes émotions. Il était adorable, Charles. Le meilleur mari avec qui l’on puisse un jour espérer faire un bout de chemin. Attentionné, aimant, fidèle, très joueur avec ses petits-enfants. Que Dieu ait son âme.

Alors que mes yeux devenaient lourds, et que mes rêves allaient me rattraper, je l’ai quitté. Par quelle magie, je ne sais. Mais je me suis envolée. Tout était coton autour de moi. L’apaisement total. La sérénité. Lorsque je me suis retrouvée au plafond, après ce sentiment de plénitude qui m’accompagnait le long de la « montée », j’ai cru perdre pied. Mais je ne suis pas tombée, je volais ! Au-dessus de mon propre corps. Je pouvais très bien distinguer cette vieille masse toute ridée, allongée sur le lit, qui semblait dormir profondément. Je regardais la pièce tout autour. J’avais peur que ton grand-père ne rentre. Mais m’aurait-il vue ? J’étais totalement consciente du monde réel autour de moi et pourtant j’avais l’impression d’être dans une autre dimension. Une espèce de cordon me reliait tout de même à mon corps, celui qui se brisera certainement lorsque je partirai définitivement... Là, ce deuxième corps dans lequel soudain je me retrouvais semblait totalement agile et me permettait de me déplacer d’un bout à l’autre de la pièce à une vitesse incroyable. J’étais bien. Heureuse. Mais ne me demande pas comment j’ai repris possession de mon vieux corps inerte sur le lit, je n’en sais rien !

Et bien des années plus tard, je n’ai jamais parlé de cette expérience à ton grand-père. Quitter son corps n’est pas chose courante... avoue ! Il ya des tas de gens qui essaient des techniques plus ou moins folles pour y arriver... et bien moi, je n’en ai pas eu besoin, et ne me demande pas pourquoi. Loin de moi l’idée d’avoir voulu jouer au Chaman pour accompagner les défunts vers la terre de leurs ancêtres ! Je n’ai pas été élevée comme ça ! Le non-dit, les peurs assénées, les principes catholiques, voilà comment j’ai été élevée...

Alors, à mon âge, un peu de fantaisie... ça fait tout de même du bien !

 






commentaires

N
Merci Chrystelyne, je crois que c'est exactement ça.Nanou
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N
Rémy, oui, ça  a été un soulagement pour elle d'en parler et de trouver une oreille attentive.Nanou
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C
Il émane de ce texte  amour, complicité, paix, fantaisie, sérénité face  à la mort, une conversation, une confidence à sa petite fille  comme un dernier cadeau d'une  grand mère aimante et attentionnée avant l'ultime passage !bises et  amitié  chrystelyne
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R
ça peut paraître impressionnant, vu comme ça...Mais on peut dire qu'effectivement, elle a connu un peu de fantaisie pour son vieil âge et on sent que cela lui a procuré beaucoup de bonheur.Bien à toi ma chère Nanou
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N
C'est en effet une belle aventure intérieure aussi que l'écriture, Estrellita.Nanou
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