Originaire de Malága, fils d'homme politique, principal disciple de Miguel de Unamuno, José Bergamín (1895-1983) est considéré comme un des plus grands essayistes et stylistes de langue espagnole. Théoricien de sa génération poétique dite de 1927 (Guillén, Alberti, Cernuda, García Lorca...), marqué et formé par les deux mêmes maîtres que Lorca, andalous également : le poète Juan Ramón Jiménez et le compositeur Manuel de Falla, ses principaux terrains d'investigation, et parfois de combat, furent l'identité espagnole, la théologie mystique, la littérature, la politique et la tauromachie. Catholique, animateur de la revue Cruz y Raya (1933-36), il s'engage contre sa propre Église en faveur de la République durant la Guerre civile, ce qui lui vaut, comme tant d'autres, d'être exilé au Mexique, en Uruguay, puis en France, jusqu'en 1958. Très vite, cependant, ses liens avec l'opposition au franquisme le rendent suspect : il est ainsi arrêté, son appartement brûlé, et, fin 1963, il doit de nouveau se réfugier en Uruguay, puis en France, sous la protection de Malraux, jusqu'en 1970. De retour, il assiste avec circonspection à la fin du franquisme, à la transition et au début du socialisme et passe la dernière année de sa vie au Pays Basque, proche des milieux indépendantistes.