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26 juin 2006 1 26 /06 /juin /2006 00:00
Proposition de l'atelier d'écriture : conter au travers de la vie d’un être inanimé (objet, bien, maison, véhicule, panier, arbre…) des vies humaines qui se croisent, se suivent, se télescopent… Expliquons un peu : prenez par exemple l’histoire d’un panier -tressé dans la banlieue de Dakar par Boubacar (dit Baba) fils d’Abdou vieux pêcheur Peul qui ramène chaque soir le fruit de sa pêche au marché de Soumbédioune - panier vendu en 1954 à Robert Bollart dont les trois enfants périront du paludisme et de la fièvre jaune – panier qui suivra son propriétaire jusqu’à sa retraite près de Bordeaux peu après l’indépendance du Sénégal – panier qui se retrouvera dans un vide grenier d’Aquitaine et qui échouera ensuite plusieurs années dans un poulailler au bord du Lot…
On le voit dans cet exemple, ce ne sont pas les histoires des gens qui font l’histoire, mais c’est l’histoire du panier (de sa naissance à sa mort) qui nous fait découvrir telle personne, tel univers, une région, une famille. L’astuce est de surprendre le lecteur qui suit depuis un moment une route avec un paysage en lui faisant prendre un chemin inattendu sans crier gare !Cette destination ressemble un peu à la destination 7, mais cette fois, l’objet a un rôle capital, central puisqu’on y conte sa vie, celle des hommes à côté n’est qu’accessoire.
Mais après tout, ne sommes nous pas que des poussières dans un si grand univers ?



La vie d'un trèfle à quatre feuilles.

Elle l’avait trouvé, enfant.. Il n’attendait qu’elle. Il faut dire que cela faisait plusieurs étés chez sa grand-mère qu’elle le cherchait dans la pelouse à moitié fanée par les rudes chaleurs de début juin. Et puis soudain, il lui était apparu, la narguant presque, à tel point que la petite fille, du haut de ses 7 ans, eut du mal à le croire, étant donné que les statistiques estiment qu'il y a environ 10 000 trèfles à trois feuilles pour chaque trèfle à quatre feuilles ! Imaginez donc sa surprise en voyant cette petite plante à quatre folioles se dresser devant elle : sa grand-mère lui avait raconté que chaque feuille du trèfle représentait quelque chose !  La première feuille était pour l'espoir, la seconde pour la foi, la troisième pour l'amour, et la quatrième feuille, naturellement, pour la chance... C’était sûr, en ce 15 juin 1974,  sa vie allait basculer !  Lucie fit alors 4 vœux. Le premier, qui lui apparaissait comme une évidence, était que ses parents se remettent ensemble, le deuxième, qu’elle trouve la foi pour bien travailler à l’école, le troisième était qu’elle trouve l’amour de sa vie, pas tout de suite, mais dans quelques années, et le dernier, que la chance l’accompagne tout au long de sa vie ! Avec ce trèfle à quatre feuilles, elle serait donc heureuse et riche toute sa vie ! Elle prit donc le soin de le couper  délicatement, puis de l’enfermer entre deux feuilles de buvard pour le sécher et ensuite de le déposer dans son livre de chevet favori, entre la 27ème et la 28ème page. Là, il pourrait alors faire face aux aléas du temps et surtout aux attaques des escargots, limaces, pucerons ou autres insectes qui lui mèneraient la vie dure si il était encore dans la pelouse de la grand-mère !.
Lucie a 17 ans aujourd’hui, et c’est aussi le jour du vide-grenier de son petit village du Lubéron. Alors elle court dans le grenier et récupère tous les objets qu’elle pourrait vendre pour pouvoir s’offrir enfin la bague de ses rêves qu’elle lorgne dans la boutique de Mme Chantal tous les soirs en rentrant du lycée : des vieux habits de poupées, une dinette défraîchie, des livres fatigués, des objets divers, hirsutes et maculés de poussière..  Le soir, elle revient, épuisée après avoir passé sa journée dans la rue à écouler ses vieux souvenirs, mais ravie, demain elle achètera sa bague !
Plusieurs années se sont écoulées depuis. En lisant les « malheurs de Sophie », que sa maman lui avait acheté dans un vide-grenier il ya quelques temps déjà, Faustine eut la surprise de découvrir un joli petit trèfle à quatre feuilles habilement protégé entre la 27ème et la 28ème page..  D’où venait-il ? Peu importe, maintenant il était à elle, et il lui servirait de marque-pages... Du haut de ses 9 ans, Faustine, très pragmatique, ne croyait en rien à la légende du trèfle à 4 feuilles...  A la veille de son départ en vacances à Marseille chez son oncle, elle avait préparé elle-même tous ses bagages et avait emporté son livre dont le marque page en forme de rosace à 4 pétales trônait maintenant à la page 54. Le voyage avait été long en train, et arrivée à la gare, en attendant son oncle, elle avait décidé de lire un peu, assise parterre, sous l’horloge, le point de rendez-vous. Dans la chaleur des retrouvailles, elle en oublia son livre, mais peu importe, elle le reprendrait à la bibliothèque de son village.
Le soir avait envahit la gare St Charles. Les voyageurs passaient et repassaient, certains épuisés par la chaleur, d’autres harassés par leur voyage. Alphonse aimait ce va-et-vient incessant, ce bouillonnement de vie, et de culture, cette atmosphère qui lui rappelait qu’il n’était pas tout à fait seul, un semblant de cordon ombilical avec ce monde qui l’avait mis à l’écart il y a cinq ans déjà, après une rupture avec sa femme, Lucie, et la perte de son premier emploi. Depuis, il sillonnait les rues et les gares, en quête de quelques sous qui lui permettrait de s’acheter son repas de la journée. Il allait partir lorsqu’il trouva un livre qui trainait parterre, dans un piteux état, la couverture largement piétinée par les passants, aux pages écornées et sales. Alphonse n’avait jamais aimé lire, d’ailleurs, même à l’époque, dans son appartement, aucune bibliothèque n’avait jamais fait partie de ses meubles. A l’école, il était déjà sauvage et plutôt reclus sur lui-même, et les livres étaient réservés aux intellectuels, mais certainement pas pour lui. Non, ce qu’il l’attira, c’est cette petite forme verte passée, qui dépassait de la page 54... un trèfle à quatre feuilles, pensa t-il, ça ne court pas les rues... avec cet humour qui le caractérisait, malgré une vie rude déjà pour quelqu’un de si jeune, il sourit en se disant que de toutes façons, il n’avait jamais vu une plante, quelle qu’elle soit courir dans les rues ! Il avait déjà vu des plantes grimpantes, mais des plantes courir, jamais !! Alors, comme la légende prétendait qu’un trèfle à quatre  feuilles donnait de la chance, et qu’elle serait bienvenue en ce moment, il goba le trèfle comme on prend un nouveau départ,  afin d’avoir enfin la chance toujours en lui !

Anne Fabregoul - Copyright 2006 

commentaires

N
Pourquoi pas, Michel, et quand tu l'as fait, dis le moi que j'aille voir sur ton blog;Bisous<br /> Nanou
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N
Oui Jubelle, tu as raison, il faudrait que j'écrive une suite !Nanou
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M
j'allais faire la même remarque que le commentateur précédent, a-t-il porté chance, ce trèfle ? mais manifestement la jeune fille de 17 ans est heureuse. Elle en a même oublié le trèfle. Quand on ne pense plus à la chance c'est qu'on n'en a pas besoin, non ?Récit superbement mené, bravo. Et l'exercice d'atelier me semble intéressant... je vais peut-être m'y essayer aussi...
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J
mais on ne sait pas s'il a porté bonheur au long de sa vie, la légende court toujours<br /> bises
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