Djalami, le petit doryphore
Djalami, un petit doryphore du Djakistan, sur la planète Nemus, venait de sortir de son hibernation, au pied de
Alors qu’il se reposait sur une feuille de pomme de terre, dévorant comme un ogre son moelleux repas, ses antennes se mirent à bouillir d’idées.
- Et si j’allais au pays des peupliers bleus ? Il parait que là-bas la nourriture est plus abondante et que l’on peut y voir de très jolies femelles dont la croupe sensuelle réveillerait une bande de doryphore en pleine hibernation !
D’un pas décidé, il prit ses petites jambes à son coup, embrassa le médaillon de sa maman qu’il portait toujours sur lui depuis que des humains malveillants l’avaient tuée à coup d’insecticide l’été précédent. Ce crime fut tellement horrible que la rumeur circulait même, que les humains, affamés depuis que les denrées se faisaient rares sur la planète Nemus, en avaient même fait du jarret de doryphore ! Quant à son père, lui, maçon de son état, il avait réussi à développer une résistance à ces insecticides, mais la vieillesse avait eu raison de lui. Le monde était devenu si cruel, et la vie si dangereuse, qu’il lui fallut beaucoup de courage pour entreprendre son voyage.
Le chemin lui parut très long, et notre petit doryphore, ivre de fatigue, s’assoupit au pied d’un plant de tomates bleues. Lorsqu’il se réveilla enfin, il cligna plusieurs fois des yeux devant le spectacle qui s’offrait à lui : Une bande de Doryphorettes, toutes plus charmantes les unes que les autres, passèrent non loin de lui en lui faisant mine de les suivre.
- Serait-ce que je suis arrivé, se demanda-t-il, en gonflant son torse déjà bien bombé ?
Elles se rendaient au lavoir. Il se cacha derrière un grand peuplier dont les feuilles se miroitaient dans l’eau et contempla la scène... Ces charmantes demoiselles semblaient joyeuses et pleines d’entrain. Soudain, dans un fou rire collectif, une savonnette échappa à l’une d’entre elles et atterrit non loin de Djalami..
- Tiens, tiens, d’où viens-tu petit ? Lui lança une petite Doryphorette au foulard rayé de jaune et de noir.
- Je ne suis pas si petit que ça répondit-il, j’ai déjà presque deux printemps ! Répondit-il, vexé.