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19 avril 2007 4 19 /04 /avril /2007 00:00

Je le broie à coups d’encre sur la page blanche, m’enivrant des effluves mélancoliques qui s’en échappent comme une délivrance. Les sombres pensées dont je m’imprègne alors, pareilles à celles que l’on trouve dans de vieux films d’épouvante, me laissent ivre, tel un astre déséquilibré dont la force gravitationnelle absorberait sur son passage le faible rai lumineux de mes yeux tuméfiés. Et je me noie dans cette nappe de mots pitoyables et gluants, dérivant à la surface de la feuille vierge avant de s’échouer sur vos lèvres.

Sans trop assombrir la situation, petit à petit je m’enfonce tout de même dans une amnésie profonde, une sorte de gouffre extrêmement sombre dont j’ignore tout contour, et comme Don Quichotte, je me bats contre de mauvais esprits dont l’humour lugubre me laisse totalement sombrer dans une colère sans nom.

Voilà ce qu’est la couleur de ma vie, entre maux dits et maudits mots. Dans le ghetto de ma chair infectée, j’ai froid. L’encre livide envahit mon corps putride et les mots se jouent de cette horreur : des traits, des esquisses, des ratures obscures qui saturent, des trémas qui assènent des voyelles impies, tout cela au milieu d’un magma noirâtre en feu.

Ces mots sont mes maux et vice-versa. Ainsi va ma vie qui se décline du petit noir brun café aux gueules noires des mineurs de charbon. Mais je suis assez versatile, et parfois, même remonté, et sans préparation aucune, je peux, sur la portée de ma vie, intercaler des notes à deux temps et me transformer en toute innocence, en jeune-homme ignorant et fat, au visage pâle et livide et de ma voix sans timbre, écrire des vers sans rime dont les caractères mensongers vous sauteront aux yeux.

Vous l’aurez compris, ce texte est totalement cousu de fil blanc...

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