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Edito

 
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19 octobre 2005 3 19 /10 /octobre /2005 00:00
 

Je revois encore cette fenêtre enveloppée de rouge pourpré sur la place ombragée du Zocalo à Oaxaca, où et il y faisait bon flâner sous les arcades.. Lors de nos longues promenades quotidiennes où nous passions notre temps à refaire le monde avec de grands discours dont nous savions éperdument au fond de nous qu’ils n’auraient aucun écho, Pedro me disait toujours  que celui qui oserait jeter, furtivement, ne serait-ce qu’un seul œil au travers de cette fenêtre, subirait les foudres du Dieu Quetzacoatl.

Nous en rigolions souvent, et pourtant la légende du Dieu pesait sur nous encore si fortement à l’aube du 21ème siècle, que nous nous contentions de reluquer les charmes de cette fenêtre sertie d’une épaisse grille en fer forgée depuis l’autre côté de la place, du bistrot du coin, en sirotant de bonnes tasses de chocolat à la vanille et le Mezcal, cet alcool de cactus proche de la Tequila , dont nous étions si fiers.

A 550 kilomètres au sud-est de México, les légendes allaient bon train sur le haut plateau aride où Oaxaca, encerclée de part et d’autre par les majestueuses montagnes de la Sierra Madre del Sur, se dressait comme une déesse au milieu des descendants des Zapotèques, Mixtèques et Aztèques que nous étions tous.

Et, selon les dires de certains, derrière cette vieille fenêtre grillagée vivait un vieillard descendant Aztèque qui, de générations en générations, n’avait d’autre destinée que de protéger et cacher le secret du Dieu Quetzacoatl.  

Nous savions, Pedro et moi que cette histoire était notre Histoire, celle d’une princesse gardant le trésor de son époux parti à la guerre, qui avait été attaquée par des voleurs. Refusant alors de leur dévoiler l’endroit où était caché le trésor, les voleurs l’avaient tuée. Son sang se répandit sur le sol d’où poussa une plante, celle-ci donna des fruits qui cachaient un trésor de graines, amères comme les souffrances de l’amour, fortes comme la vertu et rosées comme le sang de la princesse. Nos ancêtres avaient alors reçu cette plante comme un cadeau du Dieu Quetzalcoatl : on l’appela plus tard le cacaoyer.

C’est donc ainsi que depuis des lunes et des lunes, derrière cette belle et majestueuse fenêtre dont s’échappaient parfois d’insondables odeurs amères,  était gardé jalousement le secret de fabrication du chocolat..., et que Pedro et moi, comme bien d’autres depuis des générations, ne cherchions pas à détourner, par peur de se voir châtier par le Dieu Quetzacoatl lorsqu’il reviendrait.  En effet, les prophéties racontaient que son retour précéderait de peu la fin du cycle du "5ème Soleil", la fin du monde. ...

 

 

12 octobre 2005 3 12 /10 /octobre /2005 00:00

Il ya 20 ans déjà.. C’était à Cuba, à la Havane, l’Ultime étape pour les navires espagnols de la route des Indes qui s'en retournaient vers l'Europe, la perle des capitales du Nouveau Monde, et le fleuron des colonies espagnoles, au numéro 367de la Calle Tejadillo...

Les souvenirs de cette époque sont un peu filandreux mais, Elle, descendante lointaine des indiens Guanajuatabeyes,  je la garderai en mémoire comme l’on protège sournoisement un secret. Je m’en souviens bien, parce que ma famille résidait en face de chez elle, dans le centre historique, où mon père, grand bourgeois catholique d’origine espagnol, avait été embauché quelques années auparavant à La Fabrique de Tabac Partagas.

J’étais à cette date, un petit collégien comme tant d’autres.. Je prenais les jambes  à mon cou en sortant de l’école pour être tous les jours au rendez-vous. En arrivant dans notre maison, une vieille demeure aux accents baroques, je m’empressais de m’enfermer dans ma chambre en prétextant une avalanche de devoirs et catapultais mon lourd cartable sur mon lit, dont les draps avaient été rigoureusement arrangés par maman le matin même.

Alors, comme une sorte de rite religieux je me dirigeais vers la fenêtre pour l’entrevoir, comme tous les soirs à la même heure. Elle était là, au numéro 367 de la rue Tejadillo, une rue aux arcades, balcons, grilles en fer forgé et cours intérieures qui faisaient de la Havane une ville de profondeur et de caractère, une ville mystérieuse et maître dans l’art de la séduction, comme Elle..

Assise sur les marches d’une entrée au portail bleu, son corps tourné vers la cour intérieure que j’imaginais sans trop de difficulté, ses pieds à l’extérieur, une main délicatement posée à terre caressant le sol poussiéreux et l’autre gracieusement abandonnée sur son genou gauche, elle ne bougeait pas. Je passais des heures à la contempler devant cette majestueuse porte dont la façade bleue me rappelait l’immensité des mers qui encerclaient Cuba, en particulier détroit du Yucatán. C’était un bleu tellement intense qu’on aurait dit qu’il allait l’absorber. Derrière cette immense porte, j’imaginais alors son passé,  l’extermination de ses ancêtres vers 1552. En moins de cinq ans, la population indigène de tempérament pacifique, systématiquement massacrée, fut réduite à quelques centaines d'individus. Et elle en était l’une des rares descendantes, cela m’avait été confirmé par notre voisine, Inès, qui connaissait l’histoire de tous les habitants du quartier. Elle portait ce fardeau dans un profond regard sombre qui faisait d’elle la beauté de l’Ile.

Aujourd’hui je revenais en voyages de noces, et comme ce petit collégien que j’étais, je m’empressais de retrouver la Calle Tejadillo où je n’avais jamais osé ni passer ni m’arrêter devant le numéro 367, par timidité sans doute ou par peur de briser un rêve que j’avais nourri pendant si longtemps. Ridée, maquillée, reconstruite, replâtrée, rongée par le sel, secouée par les ouragans, ballottée  par l'Histoire, l’imposante porte bleue était toujours là, se dressant comme un défi aux avant-postes de mes souvenirs, adressant un clin d'oeil à ces années volées. Mais la belle indienne aux yeux noirs n’était plus à notre rendez-vous secret, il était temps, maintenant de refermer la porte azurée de mes souvenirs d’enfant....