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Edito

 
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23 janvier 2006 1 23 /01 /janvier /2006 08:00

Il l'attendait...

Il vivait reclus dans son petit monde à lui, au fin fond d’une cave dont on pouvait apercevoir les quelques lueurs de la journée se faufiler par le seul et unique fenestron aux barreaux d’acier. Là, dans son éternité à lui, il aimait à regarder les pieds des passants dans la rue qui jamais ne s’arrêtaient ; parfois ce mouvement perpétuel lui donnait le vertige et des nausées angoissantes.
Il l’attendait..
Depuis longtemps..
Il ne sortait jamais de son antre, à part pour se nourrir ici et là en quémandant quelques repas dans cette rue qu’il n’aimait pas. Il avait trop peur de la rater, de rater ce rendez-vous si longtemps espéré.
Il n’avait d’autre apparat que son crayon usé et quelques feuilles éparses sur la table recouverte d’une poussière d’outre-tombe. Dans le noir presque absolu parfois, il aimait à mâchouiller son crayon en regardant le temps fâné dans les fins fonds de sa mémoire embrouillée. Puis il gribouillait quelques esquisses d’une vie passée à l’attendre. Il barrait et rembarrait encore les souvenirs douloureux qui parfois lui revenaient au visage comme un boomerang d’enfant. Ses vieilles mains ridées alors se réfugiaient instinctivement sur son visage buriné et quelques larmes tentaient de s’infiltrer dans les sillons de ses joues.
Il n’allait sur sa vieille paillasse que le soir pour dormir, quand les lumières de la rue s’éteignaient enfin. Là, il pensait que demain serait un autre jour, et que la lumière se ferait vie dans son corps tout entier. Il ne vivait plus que pour elle. Le reste n’était que chimère. Parfois il croyait la rencontrer au détour d’un rêve mais au petit matin, l’absente se faisait attendre encore. C’est elle qui lui avait donné la force d’avancer tout au long de sa vie. Elle avait modelé son corps et lui livrait de bien belles douceurs. Elle n’avait de mots que pour lui et il lui rendait bien. Ils ont été si longtemps complices que le chaos dans lequel il était tombé depuis son absence lui devenait chaque jour un peu moins supportable. Dieu sait qu’ensemble ils avaient voyagé, traversé tous les continents, inséparables comme les dix doigts de la main ! Il faut dire qu’à l’époque, il était un écrivain réputé.
Ses livres se vendaient comme des petits pains. Il rencontrait du monde, du grand monde et la société n’avait d’yeux que pour lui. Il vivait dans la lumière.
Et puis un jour, le vide. Le trou noir. Il pensait que ce n’était qu’un passage. Qu’elle reviendrait.
Mais à force de compter une à une les poussières qui s’imprégnaient avec le temps sur ses feuilles à peine noircies par son crayon fébrile, il doutait de plus en plus de son retour. Il craignait même qu’elle l’eut quitté définitivement pour aller se blottir dans d’autres mains étrangères.
Oui, elle était partie, mais elle reviendrait, et il l’attendrait tapi dans son antre. Le temps qu’il faudrait. Il purgerait sa peine comme n’importe quel forçat et elle lui reviendrait plus vive et plus enthousiaste encore. Pendant ces années d’absence, il s’était pourtant lassé d’elle, puis il l’avait recherchée plus violemment encore, il l’avait aimée, puis détestée, il croyait la cerner, la comprendre un peu, celle qui s’était donnée à lui tout au long de son existence et qui avait fini par lui échapper.
Il le savait, maintenant, l’inspiration était comme une femme, envoutante et ensorceleuse, sauvageonne à souhait, mais impossible à apprivoiser.

11 janvier 2006 3 11 /01 /janvier /2006 08:00

Comme vous avez été nombreux à me demander encore une nouvelle histoire du Docteur Bonenfant (cf."La confrérie des résistants du merveilleux"), en voilà une autre :

Cela faisait longtemps qu’il rodait dans ces lieux froids et obscurs, ces longs couloirs qui ne mènent plus nulle part, et ça, même si on le prenait pour un fou, il le savait...
Ces années passées dans l’asile, dans le quartier Ouest, le quartier des « réveurs » comme il aimait à l’appeler, l’avaient endurci mais n’avaient en rien enlevé ses idées fantasques qui l’avaient conduit ici même autrefois..
Il s’était réfugié il ya bien longtemps dans l’imaginaire, ce monde féérique qui a ses yeux n’en demeurait pas moins « le monde vrai » comparé à la société de consommation qu’il avait fui auparavant. Ce monde matériel et opportuniste ne l’intéressait pas, ne lui plaisait pas, il était bien trop pitoyable à ses yeux, lui qui avait gardé à 65 ans une belle âme d’enfant. Interné pour ses idées fantasques et saugrenues, il se faisait appeler « docteur Bonenfant » parce que disait-il, il soignait le monde avec ses images à lui, avec un regard d’enfant qui suscitait le sourire et la joie de vivre d’avant...
D’avant les ramassis d’ordure déversés sur notre terre,
D’avant les meurtres et exactions commis ça et là,
D’avant les « 2 en 1 » ou les « 2 pour 1 » qu’il ne supportait plus d’entendre à tort et à travers,
D’avant la disparition des forêts en Amazonie ou le massacre des pandas,
D’avant la désertification de l’Homme et de son Univers.
Nous étions le 25 Décembre, et comme chaque année, l’Asile se préparait à fêter Noël. Les hommes en blanc avaient essayé de rendre cet endroit un peu moins lugubre qu’à l’accoutumée.. Des guirlandes pendouillaient ici et là.. De la poudre aux Yeux ! hurlait-il en courant dans ce labyrinthe infernal, de la poudre aux Yeux !  Vous voulez un souvenir de Noël ? Vous voulez que je vous raconte la Vie , la vraie ? Devant le tintamarre inhabituel, les fidèles du Docteur Bonenfant sortirent de leur chambre et le suivirent dans un cortège de couleurs et de rires enchantés. Il le savait, il aurait son auditoire, elles, elles l’écouteraient. Ils prirent d’assaut la seule pièce de libre qu’il restait. Alors que le Docteur Bonenfant montait sur une chaise pour mieux dominer, ces quelques femmes s’asseyaient parterre, pieds et mains croisés dans un silence étourdissant.
"Le docteur Bonenfant cherchait dans sa mémoire, répétant à mi-voix : " Un souvenir de Noël ?... Un souvenir de Noël ?... " Et tout à coup, il s'écria :
- Mais si, j'en ai un, et un bien étrange encore ; c'est une histoire fantastique. J'ai vu un miracle ! Oui, mesdames, un miracle, la nuit de Noël."
Il faisait bon, très bon. C’était à côté de l’Océan. Tandis que les vagues léchaient le sable encore tiédi par la lourde chaleur de la journée, j’aperçus au loin des lumières dans le noir. Un flot de lumières pétillantes. Les pins de la baie se baissaient sous son passage comme pour lui faire une révérence. Les vagues clapissaient de plaisir contre les roches au regard inquiet. Et pourtant, une douceur émanait de cette lumière, une douceur semblable à celle de la peau d’un nouveau-né. Oui, un nouveau-né, Mesdames.. Comme vous auriez aimé le tenir dans vos bras ! Cette forme lumineuse s’approchait peu à peu de moi et m’enveloppa alors que je reculais d’un pas. Là, je sentis une force fermenter en moi qui m’enleva dans un tourbillon fascinant et mystérieux à la fois pour me déposer délicatement sur un nuage argenté de mille feux.. Oui Mesdames, un nuage argenté.. Comme un enfant alors, je sautillais et m’enfonçait lentement dans les brumes d’un rêve.. Et pourtant, je vous le dis, cela n’en était pas un.. Si vous saviez comme j’étais bien du haut de mon nuage... Il ordonna au vent de souffler légèrement, suffisamment délicatement pour ne pas que je tombe.. Et nous partîmes vers des contrées que je n’oublierai jamais, des contrées verdoyantes où la mousse des forêts était pareille à un lit douillet, ou la sève des arbres m’abreuvait de bonheur, où les oiseaux dansaient au dessus de moi, où les champignons s’esclaffaient de joie..
Il fit une pause.
L
’auditoire reprit ses esprits.
Je vous le dis, ajouta t-il, aujourd’hui, les autres, ceux de l’extérieur, appelleraient ça un Miracle de Noël, non, Mesdames, ce n’était pas un miracle, mais la vraie vie, celle que nous devrions toujours avoir en nous. Cette chose incroyable de faire que je suis passé d’un monde à l’autre pour rejoindre mes pensées et mes désirs, cette chose incroyable, Mesdames, s’appelle la Volonté de l’imagination. La volonté de transformer les choses avec ses yeux, la volonté de faire un peu de gaîté autour de soi. Se lever un matin et décider que le monde serait meilleur et faire en sorte qu’il le soit. Oui, ça c’est un miracle, un vrai, parce qui oserait aujourd’hui dans ce monde extérieur si austère prétendre réussir ce vœux. Hein, qui, Mesdames, à part des fous ?..