Le parfum des mots
Certains mots sont moites, suintants d’incertitude, comme ces lourdes journées de canicule où l’orage violent fait ressortir des effluves d’outre-tombe. Mais ils ne sont pas malintentionnés, leur arôme est juste un peu effacé par l’inconstance de nos vies.
D’autres sont fades, parce qu’ils n’ont pas été cuisinés avec amour ; ils sont fades et n’inspirent rien d’autre que de la froideur. Sur le papier, leurs lettres ne s’étreignent pas entre elles. Sur nos lèvres, même le plus délicieux des parfums ne peut les exalter. Ils sont ennuyeux comme peut l’être une longue soirée d’hiver sans cheminée. Les aromatiser d’amour serait d’un vain secours, parce que c’est trop tard, ils sont là et ne demandent qu’à faire mal. Ils deviennent méchants. Ces mots là sont de véritables lances poisons. Ils respirent la puanteur et l’infection d’un univers en mal d’amour.
Enfin, il y a les vôtres, tous ces mots délicatement choisis, puisés dans les cavités secrètes de votre cœur, ceux qui transpirent la douceur d’un printemps parfumé ; même différents, mêmes insouciants, rebelles ou effrénés, ils laissent sur le papier une odeur de légèreté et d’émotion à laquelle ma sensibilité aiguë ne peut être indifférente.